En tournée
“Yolo” c’est l’acronyme anglais pour dire qu’on ne vit qu’une fois. Ça sous-entend qu’il va peut-être s’agir de revoir le classement de nos priorités. Un genre de carpe diem en injonction plus catchy quoi.
Pendant que certains attendent encore Godot, Aymeric Lompret cherche son chien. Chacun ses priorités, comme on vient de dire. Ça confirme au passage que nous sommes au théâtre où Yolo se trouve être aussi le titre du nouveau spectacle d’Aymeric. L’artiste s’affranchit des codes du stand up pour mettre son grand talent
de comédien au service du personnage qu’il incarne. En l’occurrence un sans-abri qui a fait le choix de continuer à rire, même dans l’adversité (You Only Live Once). Un de ces illustres clochards célestes, drôle sans jamais être cynique, qui trouve devant nous le bout de trottoir qui accueillera le campement de ce soir. Quelle distance y’a-t-il entre ce personnage et le comédien qui lui donne vie ? C’est fluctuant à vrai dire, volontairement flou car en fait on s’en fout. L’enjeu véritable c’est l’histoire que ces deux-là nous racontent. Le propos d’un Lompret toujours plus ciselé, précis, la résonance sociale et humaniste derrière la vanne qui tombe, les envolées absurdes, la fausse naïveté, la vraie désinvolture…. Ce qui importe vraiment c’est de rester sincère, ne jamais faire le malin ni jouer au donneur de leçon.
Sur scène, le seul objectif c’est de retrouver le chien. Plus la journée avance, plus le jour décline et plus ça devient urgent… Car à la nuit tombée, être seul à se glisser dans la tente pour dormir dedans ne ferait que rappeler qu’en fait on dort dehors. Et tout ce qui était drôle cet après-midi encore le devient beaucoup moins une fois plongé dans le noir